Article de Cécilia Gabizon publié dans le Figaro du 7 mai 2012.
L’on ne peut dire «si c’est l’usage intensif de Facebook qui génère l’angoisse ou la déprime latente qui conduit à se réfugier dans le monde virtuel», selon le psychiatre Philippe Huerre. (…) Si «Facebook ne crée pas la dépression, il augmente la pression sur les jeunes», rebondit Stéphane Clerget. Car ils sont constamment sous le regard de leurs pairs. Au collège, comme à la maison, les jeunes ne déconnectent jamais. Or sur le réseau, il faut être beau, en forme, enjoué. Cela réclame une mise en scène de soi qui peut stimuler la créativité. Ou accentuer les complexes. «J’ai une copine qui a retouché toutes ses photos sur Photoshop», raconte Isabelle, 20 ans. D’autres migrent vers Twitter, jugé plus gratifiant. «On est plus une star, on peut avoir plus de followers», selon Maud, 15 ans. «On devient comme une minicélébrité: plus on a d’audience, plus on ressent la pression», souligne le Dr Kathy Charles dans son étude. Quelques-uns finissent par créer un être imaginaire pour plaire, met en garde le psychiatre Stéphane Clerget: «Et lorsque leur avatar s’éloigne trop de la réalité, certains adolescents ne se supportent plus dans la vraie vie.»